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pondit le Mexicain haletant et montrant de l’œil don Estévan étendu sur le sable et frémissant de rage dans ses liens.

— Ne demandez pas à partager son sort, répliqua Pepe d’un air sombre, les jours de cet homme sont comptés.

— Quel qu’il soit, je veux le partager, reprit Diaz en essayant vainement de lutter contre la force supérieure du chasseur espagnol ; je n’accepte de vous ni quartier ni merci.

— Ne jouez pas avec notre colère, s’écria Pepe, dont les passions violentes étaient allumées ; j’ai peu l’habitude d’offrir deux fois quartier à mes ennemis.

— Je sais le moyen de lui faire accepter merci, dit Fabian, qui ramassa le couteau de Diaz. Lâchez-le, Pepe ; avec un homme de cœur comme Diaz, il est toujours un moyen de s’entendre. »

Le ton de Fabian n’admettait pas de réplique, et Pepe, en ouvrant les bras, détacha le lien de fer qui étreignait le Mexicain. Celui-ci, étonné, mais la bouche dédaigneuse, promenait tour à tour ses yeux de feu sur ses trois adversaires.

« Tenez, Diaz, continua Fabian en jetant loin de lui sa carabine, reprenez votre arme, et veuillez m’écouter. »

En disant ces mots avec un air de noblesse qui frappa l’aventurier, Fabian lui tendait son poignard en s’avançant vers lui désarmé et la poitrine à portée de son bras. Diaz reprit son couteau, mais son adversaire n’avait pas trop présumé de lui. L’héroïque simplicité de Fabian avait fait tomber sa colère.

« Je vous écoute, dit-il en laissant glisser son poignard à ses pieds.

— Bien, dit Fabian avec un sourire qui lui gagna le cœur de Diaz, je savais qu’il en serait ainsi. » Et il reprit bientôt : « Vous vous interposez sans le savoir entre le crime et la juste vengeance qui le poursuit. Savez-