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Fabian essayait de désarmer seulement son adversaire ; et Diaz, aveuglé par le désir de la vengeance, ne voyait pas les efforts généreux du jeune comte de Mediana.

Celui-ci, tenant son fusil par le canon, et se servant de la crosse comme d’une massue, lâchait de frapper le bras qui tenait le poignard dont les évolutions rapides le menaçaient à chaque instant ; mais il avait affaire à un antagoniste non moins leste et non moins vigoureux que lui. Bondissant de droite et de gauche, Diaz évitait les coups de Fabian, et, au moment où le jeune homme croyait paralyser le bras du Mexicain, son arme frappait le vide, et le couteau brillait de nouveau menaçant son corps et près de le percer.

Bois-Rosé, sans recharger sa carabine, accourait mettre fin à la lutte où la générosité de Fabian allait lui donner le dessous, et Pepe, de son côté, après avoir réduit don Antonio à l’impuissance de porter secours à Diaz, s’élançait vers les deux combattants.

Menacé par trois hommes près d’unir leurs efforts contre lui, le Mexicain ne voulut pas mourir sans vengeance. Il ramena vivement le bras en arrière et lança comme un trait sur Fabian le couteau tranchant dont il était armé. Mais Fabian n’avait pas perdu de vue les mouvements de son adversaire, et, au moment où le poignard s’échappait en sifflant de la main de Diaz, la carabine du jeune homme, dirigée avec force contre la poitrine du Mexicain, rencontra l’arme meurtrière.

Le poignard, détourné de son but, s’enfonça dans le sable, tandis que, semblable à une masse d’armes, la crosse du fusil frappait Diaz en plein corps.

« Demonio ! s’écria Pepe en le saisissant vigoureusement à bras-le-corps, faut-il donc vous tuer pour vous faire rendre ? Vous n’êtes pas blessé, don Fabian, grâce à Dieu ! sans cela !… Voyons, que ferons-nous de vous, l’ami ?

— Ce que vous ferez au noble cavalier que voici, ré-