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main dans ses longs cheveux, comme s’il lui répugnait de prendre le large, n’aura jamais, ainsi que son compagnon à la veste de cuir, obéi avec plus d’empressement aux ordres de son chef. Mais, de par tous les diables ! n’est-ce pas là l’un des deux coquins qui ont tiré sur nous dans la forêt de l’hacienda ?

— Je l’ignore, répondit Bois-Rosé, j’étais trop éloigné d’eux pour reconnaître leur figure ; mais qu’importe ? »

En ce moment Baraja fit signe de la main à son tour.

« Nous ne savons qu’obéir aux ordres de notre chef, dit-il, et, quoi qu’il en coûte à notre fierté, nous capitulons.

— L’histoire est pleine de capitulations, ajouta Oroche, et je ne sache pas qu’on soit déshonoré pour s’être rendu à l’ennemi, quand le sort des armes est contraire à l’un des deux partis. Nous vous prions donc, seigneur don Fabian, ainsi que vos deux amis, d’agréer nos adieux. »

Sans paraître remarquer le regard de mépris que leur adressa Diaz, les deux dignes camarades agitèrent d’une main leurs chapeaux et de l’autre firent tourner bride à leurs chevaux et s’éloignaient, quand la carabine de Pepe résonna sur la plate-forme avec un bruit éclatant.

« Con mil rayos ! s’écria l’ancien carabinier d’une voix formidable, est-il donc convenu que vous vous retirerez avec armes et bagages ?

— C’est ainsi que nous l’entendons, cria Oroche ; dans le cas contraire, vous plairait-il alors de venir prendre nos armes ?

— Jetez-les dans le lac là-bas et décampez, répondit Pepe.

— Soit, dit Baraja, qui prit sa carabine d’une main comme s’il voulait la jeter loin de lui, mais qui la porta rapidement à l’épaule et fit feu sur le sommet de l’éminence.

— Voyez vous ! » s’écria Pepe d’un air railleur et