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« Allons, finissons en, s’écria la voix tonnante du Canadien, dont la générosité répugnait à profiter des avantages de sa position, et qui se faisait un scrupule de conscience de verser le sang si l’on pouvait en éviter l’effusion. Vous avez entendu tous que nous n’en voulons qu’à votre chef, et qu’il faut vous résoudre, je ne dis pas à nous le livrer, mais à nous le laisser prendre. Retirez-vous donc de bonne volonté, si vous ne voulez pas que nous vous traitions comme des Apaches ou des jaguars.

— Jamais, s’écria Diaz, nous ne commettrons pareille lâcheté ! Vous étiez les premiers venus, soit ; nous vous céderons la place ; mais don Estévan se retirera comme nous avec tous les honneurs de la guerre.

— Refusé, s’écria Pepe à son tour ; il nous faut celui que vous appelez don Estévan.

— Ne vous opposez pas à la justice de Dieu, ajouta Fabian ; votre cause ne peut être celle de cet homme. Nous vous donnons cinq minutes pour réfléchir, après quoi nos carabines et le bon droit décideront entre nous.

— Dites donc, seigneur don Tiburcio, cria Oroche à Fabian, au cas où nous consentirions de bonne grâce à nous retirer, ne nous sera-t-il pas permis d’emporter une charge de cet or ?

— La mesure d’un chapeau chacun ! poursuivit Baraja.

— Pas une parcelle, répliqua Pepe. Cet or appartient à don Fabian tout seul.

— Et quel est cet heureux mortel que vous appelez don Fabian ? demanda Oroche.

— Le voici, répliqua Bois-Rosé en désignant Tiburcio.

— À tout seigneur tout honneur, » dit Oroche en saluant Fabian avec une expression de haine et d’envie que cette fabuleuse fortune excitait en lui.