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Les deux éclaireurs, bien qu’éblouis par l’aspect étincelant du val d’Or, n’avaient pu méconnaître sur le sable les empreintes laissées par Cuchillo. Ils attendaient l’arrivée de leur chef pour prendre ses ordres à cet égard.

Tous deux, comme Cuchillo et Pepe, avaient simultanément ressenti au cœur la morsure du démon de la cupidité.

Ces lieux sombres, ces gorges solitaires, la certitude d’être les seuls dans tout le camp à partager avec don Estévan et Diaz le secret de ce placer dont la vue donnait le vertige, tout murmurait à leurs oreilles de sinistres conseils.

Si don Estévan, si Pedro Diaz ne retournaient plus au camp, Baraja et Oroche restaient seuls. Plus tard Oroche et Baraja verraient à se défaire l’un de l’autre. Telles étaient les pensées qui traversaient l’âme des deux éclaireurs, et qu’exprimait un regard échangé entre eux quand les cavaliers vinrent les rejoindre.

« Nous avons vu les traces de Cuchillo, dit Baraja, et, si nous voulons le prendre, il faut visiter avec soin ces montagnes.

— Cuchillo a vu le trésor, et il ne doit point nous échapper, ajouta Oroche. Je pense comme Baraja qu’il a dû aller se cacher dans ces gorges, où il espère que nous ne le suivrons pas.

— Seigneur don Estévan, dit Pedro Diaz, je suis d’avis à présent que nous retournions au camp. »

Don Antonio hésita un instant, pendant lequel le cœur de Baraja battit violemment comme celui d’Oroche.

Le conseil de Diaz était bon à suivre, et les deux drôles le sentaient mieux que personne ; mais il était trop tard.

Du haut de la pyramide, les trois chasseurs embusqués tenaient à portée de carabine ceux dont ils avaient surveillé tous les mouvements, et qui désormais ne pouvaient plus fuir.