les reconnaîtrai-je à la description que vous m’en ferez.
— Ah ! continua le Canadien, le canot d’écorce ou le tronc d’arbre…
— Laissez cet objet lointain, pour l’amour de Dieu ! s’écria Fabian agité d’une impatience furieuse ; qu’avons-nous à nous en inquiéter ?
— Demandez au malelot en vigie dans une mer inconnue s’il doit s’inquiéter des récifs. Eh bien ! s’il faut vous le dire, cette masse noire peut être un canot d’écorce, et Dieu veuille qu’il ne débarque pas ici quelques-uns de ces forbans du désert comme il y en a tant dans ces parages. Bon ! le canot disparaît dans le brouillard.
— Les cavaliers ! les cavaliers, répondit Fabian d’une voix sourde.
— Quant aux trois autres cavaliers, je ne les connais p as. Il y en a un dont la taille est droite, élancée comme un jonc ; quel beau cheval il monte !
— Un cheval bai-brun, des galons d’or à son feutre, la figure noble.
— Précisément.
— C’est Pedro Diaz.
— Vive Dieu ! reprit Bois-Rosé, il y en a parmi eux un autre qui semble s’être complu à faire des lanières de son manteau.
— C’est Oroche, interrompit Fabian. Mais ce serait une lâcheté de ne pas nous montrer, à présent que Dieu nous envoie don Antonio presque seul.
— Patience, dit Pepe ; je suis comme intéressé à ne pas le laisser échapper, mais la précipitation peut tout compromettre. Quand on a attendu quinze ans, on peut bien attendre une minute de plus. Sont-ils seuls, Bois-Rosé, ou apercevez-vous au loin le reste de leur escorte ?
— Le sable tourbillonne là-bas, mais c’est le vent qui le soulève ; ils sont seuls ! Ah ! voilà qu’ils s’arrêtent comme s’ils cherchaient à s’orienter. Ils regardent de côté et d’autre. Voilà l’homme au manteau en lanières