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forte pour lutter, même en nombre inférieur, contre l’astuce et la barbarie indiennes. La race canadienne est l’unique rivale de celle-là en exploits héroïques, en ressources fécondes, l’exemple de Bois-Rosé l’a prouvé ; mais les descendants des Espagnols, sauf de bien rares exceptions, sont trop faibles pour les terribles ennemis de tout genre, la soif et la faim exceptées, qu’ils sont exposés à rencontrer dans les solitudes du nouveau monde.

En pénétrant dans le camp mexicain, les deux Indiens n’avaient tourné la tête ni à droite ni à gauche ; ils avaient conservé ce masque d’indifférence impassible, que n’eut même pas le pouvoir de faire tomber chez les ancêtres des Indiens la première détonation d’artillerie qui frappa leurs oreilles lors de la conquête de l’Amérique du Nord ; rien cependant n’avait échappé à leur redoutable et infaillible examen.

Les cadavres des leurs, hors du camp, la tente vide de don Estévan, la défiance, la peur, l’empressement effaré des aventuriers, sans autre chef que le chétif GOmez, ils avaient tout vu.

Une fois entrés, l’Oiseau-Noir et l’Antilope jetèrent sur le groupe qui les entourait un regard calme et fier comme celui de deux lions qui viendraient faire alliance avec des loups.

En sa qualité, l’Oiseau-Noir prit le premier la parole. Il était important pour lui de savoir ce qu’était devenu le véritable chef, le chef intrépide dont le coureur lui avait raconté, pendant leur veille de nuit, la prudence et la bravoure, deux qualités que les Indiens prisent si haut, quand elles sont réunies. Don Estévan mort, ainsi que Pedro Diaz, dont l’Antilope avait pu aussi apprécier la valeur dans sa lutte mortelle avec le Chat-Pard, le reste devait être une proie facile.

Qu’étaient-ils devenus tous deux ? Voilà ce que les parlementaires voulaient éclaircir.

« Nous apportons ici des propositions de paix qui