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ment le long de sa hampe ; pas un souffle d’air, au milieu de cet océan de sable, n’agite ses plis. En vain les vedettes mexicaines consultent à tout instant l’horizon du regard, elles ne voient revenir ni leur chef, ni leur guide, ni les trois compagnons de don Estévan, et cette disparition mystérieuse les effraie.

Les chevaux, attachés à leurs piquets, baissent la tête sous les atteintes de la soif ; les hommes les ressentent aussi et la faim les menace, car les chasseurs n’osent plus s’aventurer à la poursuite des daims ou des bisons : les ordres les plus précis ont été donnés pour que personne ne s’éloigne des retranchements.

À mesure que le temps s’avance, l’inquiétude et le malaise redoublent ; voilà ce qui se passe au camp.

En dehors et non loin des retranchements, mais sous le vent, des cadavres de chevaux et d’Indiens se putréfient au soleil. Sur la plaine, dans une direction opposée, le sable fraîchement creusé indique la place où reposent à jamais ceux des aventuriers tués dans l’engagement de la veille.

Ce triste tableau contribue à jeter une teinte lugubre sur tout le paysage, déjà si triste. Voilà pour l’extérieur du camp.

Il était l’heure à peu près à laquelle les chercheurs d’or avaient fait halte la veille en cet endroit, c’est-à-dire quatre heures, quand les vedettes signalèrent au loin un léger nuage de poussière. Tous se précipitèrent à l’envi de ce côté, dans l’espoir de revoir don Estévan et ses compagnons.

L’illusion ne fut pas de longue durée. Les panaches indiens et les lances ornées de chevelures humaines, en guise de banderoles, devinrent bientôt visibles au milieu du nuage.

« Aux armes ! aux armes ! les Indiens ! »

Tel fut le cri qui se fit entendre partout.

Mais la confusion, déjà si grande jusqu’à ce moment