Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/428

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et il montra son épaule sanglante. Des hurlements douloureux remplacèrent les cris d’allégresse, et, après que ces démonstrations de deuil se furent apaisées, on aida le chef à descendre de cheval, ensuite à s’asseoir près du feu.

Quand il fut assis, ses pairs s’inclinèrent en se rangeant en rond. L’Oiseau-Noir fuma le calumet qu’on lui présenta, le passa à un autre, et la pipe fit ainsi le tour du conseil, au milieu du plus profond silence. Tous se préparaient par la méditation à la discussion qui allait avoir lieu.

Nous laisserons les chefs sauvages fumer gravement, comme il convient à des guerriers dont l’esprit doit être lent et la main prompte, pour aller jeter un coup d’œil sur le camp mexicain, demeuré sans guide et sans chefs.

Il y régnait une grande confusion. Le bruit s’était répandu, comme cela arrive presque toujours, quelque réserve qu’on mette à céder un secret, que les chercheurs d’or touchaient au but de leur expédition ; que tout près du camp s’étendait un placer d’or d’une richesse incalculable ; enfin que la reconnaissance pour laquelle don Estévan Arechiza s’était éloigné n’avait pas d’autre motif que d’en préciser au juste l’emplacement.

Pendant les premières heures de la matinée, la confusion dans le camp n’avait pour source que l’impatience fiévreuse avec laquelle tous attendaient le retour de leur chef porteur de l’heureuse nouvelle. Mais quand le soleil se fut élevé presque à moitié de sa course, sans qu’aucun des quatre cavaliers partis le matin fût revenu, à l’impatience succéda l’inquiétude. C’est dans cette seconde phase que nous retrouvons les chercheurs d’or.

Sur le monticule qui domine le camp, la tente dressée par ordre du chef absent est déserte, la bannière aux armes des Mediana, au lieu de flotter, s’affaisse triste-