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victimes ; car c’est à lui que je devrai d’avoir enfin mis le pied sur un de ces placers dont j’ai tant entendu parler, et de la richesse desquels, je l’avoue, votre déplorable manteau m’avait fait si souvent douter. »

Au moment où le gambusino aux longs cheveux allait relever avec quelque aigreur cette allusion au vêtement sans nom que ses amis, par courtoisie, voulaient bien appeler un manteau, don Estévan s’était arrêté, tandis que Diaz mettait pied à terre.

L’aventurier se baissa pour ramasser sur le sable un objet noirâtre, d’une forme problématique : c’était une espèce de petite valise de cuir qui fut reconnue pour appartenir à Cuchillo.

« Voilà qui vous prouve, seigneur, s’écria Diaz, que nous sommes bien sur sa trace, et que le jour qui va paraître ne tardera pas à nous signaler la présence d’un traître.

— Dont ce sera, je le jure, la dernière trahison ! » ajouta don Estévan.

Après quoi les cavaliers reprirent leur marche, bien certains, cette fois, que Cuchillo les précédait et qu’ils n’allaient pas tarder à le rejoindre.

En effet, au lever du soleil qui allait paraître à l’horizon, les principaux acteurs de ce drame, poussés à leur insu par le doigt de Dieu, arrivaient à point nommé pour se rencontrer dans la partie la plus inaccessible de ces déserts au milieu d’une nature sauvage et imposante.



CHAPITRE XXXV

LE PARLEMENTAIRE.


Depuis quelque temps déjà les quatre fugitifs avaient débarqué sur la rive où ils avaient fait échouer l’îlot qui