Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lances des Apaches ! Combien en restera-t-il pour partager avec moi ? Oh ! la pensée de ces trésors allume le sang dans mes veines. N’est-ce pas cet or qui va m’appartenir qui seul donne ici-bas la gloire, le plaisir, tous les biens de ce monde, et dont, au dire de nos prêtres, la puissance s’étend encore au delà du tombeau ! »

Un vertige éblouissant passa devant l’œil du bandit, qui éperonna de nouveau son cheval et reprit sa course vers le val d’Or.

Tandis qu’enivré par l’espoir d’une riche proie, Cuchillo courait aveuglément où son destin l’appelait, poussés sur ses traces vers ces mornes solitudes par l’influence à laquelle il obéissait lui-même, arrivaient de leur côté les quatre cavaliers qui avaient silencieusement quitté le camp mexicain, don Estévan, Pedro Diaz, Oroche et Baraja.

De tous les aventuriers qui marchaient sous ses ordres, c’étaient, ainsi qu’on l’a vu, ceux à qui le chef croyait pouvoir le plus sûrement se confier.

Quoique les Collines-Brumeuses ne fussent guère éloignées du camp de plus de six lieues, incertain du temps que nécessiterait l’expédition, Arechiza avait laissé l’ordre d’attendre son retour à l’abri des retranchements. Puis il s’était éloigné, comme nous l’avons dit déjà, sous le prétexte d’aller pousser une reconnaissance dans les environs, sans laisser soupçonner aux aventuriers qu’ils fussent si près du but vers lequel ils marchaient.

Oroche et Baraja savaient seuls quel était le véritable motif de cette expédition nocturne, et ils suivaient à quelque distance don Estévan et Diaz qui marchaient en avant.

Les deux amis s’avançaient dans les ténèbres, le cœur palpitant de convoitise à l’idée de fouler bientôt le plus riche placer qui eût jamais ébloui les yeux d’un chercheur d’or, et brûlant du désir d’en intercepter la route à Cuchillo.