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rons meilleur marché. Ce sera une lutte corps à corps, Fabian, mon enfant ; pendant que Pepe et moi les attendrons le couteau à la main, vous n’aurez qu’à recharger nos armes et à nous les passer. Par la mémoire de votre mère, je vous défends de vous mesurer avec ces chiens à l’arme blanche. »

Comme le Canadien achevait ces diverses recommandations, un guerrier de haute taille entrait dans la rivière, et la lune éclaira successivement neuf autres Indiens. Tous avançaient avec tant de précautions qu’aucun bruit ne trahissait leurs pas. On aurait dit l’ombre de guerriers, revenus de la terre des Esprits, qui marchaient silencieusement sur les eaux.



CHAPITRE XXXII

L’OISEAU-NOIR.


La mort semblait aux yeux des Indiens planer sur l’îlot, au milieu des ténèbres silencieuses, car les chasseurs retenaient jusqu’à leur souffle, et cependant les Apaches ne s’avançaient qu’avec des précautions infinies. Le premier qui marchait en tête de la file était arrivé à un endroit où l’eau commençait à être plus profonde. C’était l’Oiseau-Noir, et le dernier quittait à peine le bord opposé. Le moment était venu d’exécuter les ordres du Canadien.

Mais comme Fabian allait faire feu contre le chef de la file indienne, au grand regret de Pepe qui avait une revanche à lui faire payer, l’Oiseau-Noir, soit qu’il eût pressenti quelque danger, soit qu’un éclair de la lune sur le canon de l’un des chasseurs l’eût averti, plongea subitement et disparut sous l’eau.