« Eh bien ! qu’en pensez-vous, Pepe ? Il ne sont plus que dix-sept à présent, ajouta le Canadien d’un ton de triomphe naïf.
— S’ils ne sont que dix-sept, reprit Pepe, dame, je ne dis pas que nous n’en puissions venir à bout ; mais s’ils reçoivent des renforts…
— C’est une chance à courir, une terrible chance, mais notre vie est entre les mains de Dieu, répliqua Bois-Rosé, ramené tristement à ses appréhensions pour Fabian. Dites donc, l’ami, poursuivit-il en s’adressant à Gayferos, vous êtes probablement du camp de don Estévan ?
— Le connaissez-vous donc ? dit le blessé d’une voix faible.
— Sans doute. Et par quelle aventure vous êtes-vous trouvé si éloigné de votre camp ?
Le blessé raconta comment, sur l’ordre de don Estévan, il s’était mis en route pour aller à la recherche de leur guide égaré, et comment, s’étant égaré lui-même, sa mauvaise étoile l’avait fait apercevoir des Indiens occupés à donner la chasse aux chevaux sauvages.
— Comment appelez-vous ce guide ? demanda Fabian ?
— Cuchillo. »
Fabian lança un regard d’intelligence à Bois-Rosé.
« Oui, fit le chasseur, il y a quelques probabilité que vos soupçons envers ce démon à peau blanche ne manquent pas de fondement, et qu’il conduit l’expédition au val d’Or ; mais, mon enfant, si nous échappons à ces coquins d’Indiens, n’en sommes-nous pas tout près ? Alors, une fois que nous y serons installés, fussent-ils cent encore, nous en viendrons à bout. »
Ceci avait été dit bas l’oreille de Fabian.
« Encore un mot, reprit le Canadien au blessé, et nous vous laisserons reposer : Combien don Estévan a-t-il encore d’hommes avec lui ?
— Une soixantaine, » répondit Gayferos.