Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pendant ce temps, le cavalier blanc fuyait comme l’homme qui n’a plus pour dernière ressource que l’agilité de son cheval. Il se dirigeait vers l’ouverture pratiquée dans les arbres en face de l’île flottante. Déjà on pouvait voir l’expression de ses traits bouleversés par la terreur. Il n’était plus qu’à vingt pas de la rivière, quand le lazo d’un Indien s’abattit sur lui, et le malheureux, violemment enlevé de sa selle, perdit l’équilibre et fut jeté sur le sable.



CHAPITRE XXX

UN DIPLOMATE INDIEN.


Après les cris de triomphe et d’allégresse qui signalèrent la capture et la chute du malheureux cavalier blanc, il y eut un moment de silence profond. Les hôtes de l’îlot échangèrent un regard de consternation et de pitié.

« Grâce à Dieu ! dit Fabian, ils ne l’ont pas tué. »

Le prisonnier, en effet, se relevait tout meurtri de sa chute, et un des Apaches le dégageait du lacet qui l’entourait encore. Bois-Rosé et Pepe secouèrent la tête.

« Tant pis pour lui, car il ne souffrirait plus à présent, dit l’Espagnol ; le silence que gardent ces Indiens est un signe que chacun d’eux se recueille pour penser au genre de supplice qu’ils lui infligeront. La capture d’un blanc est plus précieuse à leurs yeux que celle de toute la troupe de chevaux sauvages qu’ils poursuivaient. »

Les Indiens, sans descendre de cheval, entouraient le prisonnier qui, jetant autour de lui un regard éperdu, ne vit de tous côtés que des visages de bronze aux mus-