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Comme il achevait ces mots, don Eslévan était monté à cheval à son tour, et tous quatre, pendant que les sentinelles seules veillaient à tour de rôle, partirent au grand trot dans la direction des Montagnes-Brumeuses.



CHAPITRE XXIX

SCÈNES DU DÉSERT.


C’est à la même heure du jour où les Indiens, réunis autour du feu de leur conseil, délibéraient sur les moyens d’attaquer le camp des chercheurs d’or, que nous devons retourner vers trois personnages qu’on nous reprocherait d’avoir oubliés trop longtemps.

Il est environ quatre heures de l’après-midi. Le désert est calme encore ; la brume commence à s’élever lentement de la rivière au milieu de laquelle est situé le petit îlot qui sert de retraite aux trois chasseurs, Bois-Rosé, Fabian et Pepe.

De grands saules et des trembles croissaient sur les bords du rio Gila, à une portée de carabine de la petite île en question, et si près de l’eau que leurs racines perçaient le terrain de la berge et s’abreuvaient dans la rivière. L’intervalle entre chaque arbre était en outre rempli par les pousses vigoureuses de l’osier ou par d’autres rejetons entrelacés. Mais en face à peu près de l’îlot s’ouvrait un assez large espace dégarni de végétation.

C’était le chemin que s’étaient frayé, pour venir boire à la rivière, les troupeaux de chevaux sauvages ou de buffles. On pouvait donc, de l’îlot, jeter à travers cette échappée un regard libre sur la plaine.

L’îlot où se trouvaient les trois chasseurs avait été