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bonne garde et d’attendre notre retour ; puis, vous prendrez avec vous Baraja et Oroche, et tous les quatre ensemble nous nous dirigerons vers le val d’Or.

— C’est bien certainement là que doit être Cuchillo, reprit Diaz, et, malgré l’avance qu’il a sur nous, nous le retrouverons, soit à l’aller, soit au retour.

— Nous le retrouverons au val d’Or, dit don Estévan ; quand vous l’aurez vu une seule fois, vous me direz si c’est un endroit qu’un homme semblable à Cuchillo peut quitter facilement lorsqu’il y a pénétré. »

Diaz s’éloigna pour exécuter les ordres de son chef. Celui-ci fit relever sa tente pour qu’en son absence même sa bannière flottât sur le camp en signe d’autorité protectrice ; puis il se jeta sur son lit et dormit du sommeil du soldat sur le champ de bataille à la suite d’une journée de fatigue.

Une heure après, Diaz était debout devant lui.

« Seigneur don Estévan, dit-il, tout est prêt pour partir. »

Le duc de l’Armada se leva, car il s’était couché tout habillé. Son cheval sellé l’attendait. Oroche et Baraja étaient en selle aussi.

« Diaz, dit don Estévan à demi-voix, avant de partir, demandez aux sentinelles si Gayferos est de retour. »

Diaz répéta la question du chef à l’un des factionnaires qui se promenaient l’arme au bras derrière les chariots.

« Seigneur capitaine, répondit le soldat interrogé, le pauvre garçon ne reviendra sans doute jamais. Les Indiens ont dû le surprendre et le fusiller avant de nous attaquer. C’est probablement, comme disait le vieux Benito, la cause des détonations que nous avons entendues toute l’après-midi.

— Il n’est que trop certain que Gayferos a été massacré, répéta Pedro Diaz ; mais quant aux coups de fusil que l’écho nous a répétés, il est probable qu’ils ont une origine différente. »