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s’étendre sur une partie de ces immenses trésors. Il avait besoin d’auxiliaires pour égorger soixante hommes déterminés : les Apaches n’ont été aujourd’hui que ses instruments et ses complices.

— En effet, répliqua Diaz, quelques hésitations dans son rapport m’avaient semblé suspectes, mais il est un moyen bien simple : on peut assembler un conseil de guerre, l’interroger, le convaincre de trahison et le fusiller séance tenante.

— Dès le commencement de la mêlée, je lui avais assigné un poste près de moi pour le surveiller plus facilement. Je l’ai vu hésiter, puis tomber frappé mortellement en apparence ; je me suis applaudi d’être débarrassé d’un traître et d’un lâche : mais tout à l’heure j’ai compté et recompté les morts, et je n’ai retrouvé Cuchillo nulle part. Il est donc urgent que sans perdre de temps, nous suivions sa trace ; il ne saurait être bien loin d’ici. Vous êtes accoutumé à ces sortes d’expéditions, il faut, sans délai, nous mettre à sa poursuite et faire prompte et sévère justice d’un infâme dont la vie doit payer la trahison. »

Diaz parut réfléchir quelques instants, puis, prenant une détermination subite :

« Sa trace ne sera ni longue ni difficile à trouver, dit-il ; Cuchillo a dû se diriger vers le val d’Or ; c’est vers le val d’Or qu’il faut l’aller chercher.

— Vous allez vous reposer une heure, reprit le chef, car vous devez être fatigué de massacres. Ah ! Diaz, si tous ces hommes étaient comme vous, quel facile chemin nous nous ouvririons, l’or d’une main et l’épée de l’autre !

— J’ai fait de mon mieux, reprit simplement l’aventurier.

— Vous direz à nos hommes qu’il est urgent que nous allions pousser une reconnaissance aux environs du camp. Vous transmettrez l’ordre à nos soldats de faire