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frapper Diaz, accouru à la voix de Baraja, quand un coup de couteau d’Oroche entama les jarrets de son cheval. L’Indien, jeté à terre par la chute de sa monture, laissa tomber la lance qu’il tenait ; Diaz s’en empara, et, tandis que l’Apache se relevait sur un genou en dégainant un coutelas tranchant, la pointe de l’arme échappée à sa main s’enfonça dans sa poitrine nue et sortit toute sanglante entre ses épaules.

Frappé à mort, l’Indien ne laissa sortir aucun cri de sa bouche, ses yeux ne perdirent rien de leur expression de menace hautaine ; la rage se peignait sur ses traits déjà décomposés.

« Le Chat-Pard a la vie dure, » dit-il, et, d’une main à laquelle la mort prochaine n’ôtait encore rien de sa vigueur, le chef indien serra fortement le bois de la lance toujours maintenue par Diaz.

Une lutte suprême s’engagea. À chaque effort de l’Apache pour attirer vers lui son ennemi et l’envelopper d’une dernière et nouvelle étreinte, l’arme meurtrière traçait plus avant à travers ses entrailles son chemin sanglant. Mais bientôt les forces lui manquèrent, et, violemment arrachée de son corps, la lance revint toute rouge de sang aux mains de Diaz ; l’Indien s’affaissa sur lui-même, jeta sur son ennemi un regard de défi et ne bougea plus.

Leur chef tombé sous les coups de Pedro Diaz, les autres Apaches ne tardèrent pas à éprouver le même sort, tandis que leurs compagnons essayaient vainement de forcer une seconde fois la ligne des chariots entrelacés. Victimes de leur témérité, les guerriers indiens, sans songer à demander une merci qu’ils ne savent jamais accorder, étaient morts comme leur chef, morts comme ils devaient mourir, la face tournée vers l’ennemi, entourés des cadavres de ceux qui les avaient précédés dans le grand voyage à la terre des Esprits.

Des sauvages engagés dans le camp, un seul était resté