Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant un feu bien nourri jaillit en éclairs du sommet de l’éminence.

Sous ce feu meurtrier, des chevaux galopèrent sans maîtres dans la plaine, tandis que, d’autre part, des cavaliers se débarrassaient du poids de leurs chevaux abattus, et le combat s’établit bientôt corps à corps, les Mexicains derrière leurs chariots, les Apaches essayant de les escalader.

Oroche, Baraja et Pedro Diaz, serrés les uns contre les autres, tantôt reculant pour éviter les longues lances de leurs ennemis, tantôt se rapprochant et frappant à leur tour, s’animaient du geste et de la voix et s’interrompaient pour jeter un coup d’œil sur leur chef. Nous avons dit que le bruit s’était vaguement répandu qu’il connaissait un des gîtes aurifères les plus riches de l’État ; la cupidité faisait chez Oroche et Baraja l’office du dévouement le plus enthousiaste.

« Caramba ! s’écria Baraja, un homme possesseur d’un pareil secret devrait être invulnérable.

— Immortel, s’écria Oroche, ou ne mourir qu’après… »

Un coup de macana (casse-tête), déchargé sur le crâne d’Oroche, lui coupa la parole, et sans la solidité de son chapeau et le luxe de sa chevelure, c’en était fait du gambusino. Il mesura rudement la terre.

Tandis qu’il essayait de se relever encore tout étourdi, son adversaire, entraîné par la violence du coup, appuyait, pour se retenir, une main sur le timon qui les séparait. Diaz s’empara du bras de l’Indien, et, s’appuyant sur le moyeu de la roue, l’entraîna par une force irrésistible ; le guerrier apache vida les arçons et tomba dans le camp. Il n’avait pas touché la terre que le poignard tranchant du Mexicain avait presque séparé la tête du tronc.

Désormais inutiles sur leur poste élevé, car la mêlée était si épaisse que leurs coups auraient pu être aussi