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Et, tout en jetant ce signal d’alarme, il précipita son cheval par l’ouverture que les sentinelles venaient de pratiquer dans le retranchement.

« Cuchillo ! les Indiens ! deux noms de sinistre augure, » s’écria le duc de l’Armada.



CHAPITRE XXVII

L’ATTAQUE DU CAMP.


Au cri de Cuchillo qui retentit dans tout le camp, l’Espagnol et Pedro Diaz échangèrent un regard d’intelligence, comme si la même idée traversait leur esprit.

« Il est étrange que les Indiens aient retrouvé nos traces, dit don Estévan.

— Étrange en effet, » reprit Diaz.

Et, sans prononcer d’autres paroles, tous deux sortirent de la tente pour descendre de l’éminence sur laquelle elle était élevée.

En un clin d’œil, le camp avait été sur pied. Un instant la confusion régna dans toute son étendue. Ce fut un frémissement général parmi ces hommes intrépides, accoutumés à des alertes semblables et qui s’étaient déjà mesurés plus d’une fois avec leurs implacables ennemis. Les faisceaux de carabines furent rompus et chacun s’arma à la hâte.

Ainsi que l’avait annoncé Benito, les chevaux et les mules, comme à l’approche du lion et du tigre, tremblaient à l’odeur des Indiens et secouaient leurs attaches, tant ces fils du désert y exercent une influence terrifiante ; mais le trouble occasionné par le cri d’alarme de Cuchillo s’apaisa bientôt, et tout le monde se trouva