« Vous m’avez mandé, seigneur don Estévan, et me voici, dit l’aventurier en ôtant son feutre galonné.
— J’ai à vous entretenir de choses importantes, que je ne pouvais dire hier et que je dois vous dire aujourd’hui, reprit Arechiza ; puis j’ai quelques questions à vous faire, et quoique ce soit l’heure du repos, nous avons à l’ajourner encore longtemps. Si je ne me trompe, Diaz, vous êtes de cette trempe d’hommes qui ne se reposent que quand ils n’ont rien de mieux à faire. Les ambitieux sont ainsi, ajouta don Estévan avec un sourire.
— Je ne suis pas un ambitieux, seigneur de Arechiza, reprit tranquillement l’aventurier.
— Vous l’êtes sans vous en douter, Diaz, et je vous le prouverai tout à l’heure. Mais avant, dites-moi : que pensez-vous de cette fusillade lointaine ?
— Les hommes se rencontrent sur la mer dont la surface est incomparablement plus large que celle de ces déserts ; il n’est pas étonnant qu’ils se rencontrent ici. Des voyageurs et des Indiens se sont trouvés face à face, et ils se battent.
— C’est ce que je pensais aussi, dit le chef. Une autre question encore ;… après nous reviendrons au sujet de la conversation qui me tient au cœur.
— Cuchillo a-t-il reparu ? demanda l’Espagnol.
— Non, seigneur, et tout me fait craindre que nous n’ayons perdu le guide qui nous avait conduits jusqu’à ce jour.
— Et à quoi attribuez-vous ce retard si étrange ? reprit don Estévan d’un air plus soucieux qu’il ne le pensait peut-être.
— Il est vraisemblable qu’il aura poussé trop loin sur la trace des Apaches et qu’il aura été surpris par quelques-uns de ces brigands ; dans ce cas, son absence pourrait bien être éternelle, en dépit des feux que nous allumons depuis deux jours pour que la colonne de fumée qui s’en élève lui indique notre campement.
— Est-ce là le fond de votre pensée ? demanda de