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nous contre les guerriers aux chariots, et l’Indien se réjouira de la mort des blancs par les blancs. »

Mais cette alliance, que dictaient la prudence et la connaissance des hommes, ne trouva pas d’appui dans le conseil. Seul de son avis, l’Oiseau-Noir dut céder, et il fut convenu que le gros de la troupe marcherait contre le camp, et qu’on enverrait un détachement vers l’île.

Un quart d’heure après, cent guerriers s’avançaient dans la direction du camp, tandis que vingt autres guerriers éprouvés se dirigeaient vers l’îlot, altérés du sang des trois personnages qu’il abritait momentanément.



CHAPITRE XXV

LE CAMP DES CHERCHEURS d’OR.


Laissons de côté pour un moment Fabian et ses deux compagnons dans l’îlot où ils ont cherché un refuge, et disons un mot de la troupe des aventuriers et de leur chef.

C’est vers la fin de leur dixième jour de marche que nous les retrouvons, après avoir payé aux Indiens sur leur route, à l’âpreté et aux obstacles sans nombre du désert, un tribut de quarante des leurs. Mais, quoique affaiblis déjà par cette diminution de leur nombre, entre ces aventuriers et les indiens toujours prêts à défendre l’envahissement de leur territoire, les chances étaient encore presque égales. De part et d’autre c’était la même astuce, la même habitude de suivre des traces presque invisibles. La cupidité des uns égalait aussi la férocité des autres.

Néanmoins, l’enthousiasme n’était plus aussi ardent que le jour où, après avoir entendu la messe célébrée en plein soleil au préside de Tubac pour la réussite de l’expédition, les aventuriers étaient partis en poussant des