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CHAPITRE XXIV

LE DÉSERT À VOL D’OISEAU.


Environ quinze jours après le dernier des événements que nous avons racontés, c’est-à-dire la chute et la disparition de Tiburcio Arellanos, ou plutôt de Fabian de Mediana, dans le Salto de Agua, d’autres scènes allaient avoir lieu dans une partie des déserts qui s’étendent depuis le préside de Tubac jusqu’aux frontières américaines. Mais, avant de faire retrouver les acteurs, décrivons le théâtre sur lequel ils vont de nouveau se rencontrer.

Les vastes plaines qui séparent le Mexique des États-Unis ne sont guère connues que par les rapports assez vagues des chasseurs ou des chercheurs d’or, dans la partie du moins arrosée par le rio Gila et ses affluents. Cette rivière, qui prend sa source dans les montagnes lointaines du Nord, parcourt seule, sous différents noms, une immense étendue de terrain sablonneux, sans arbres, et dont l’aride monotonie n’est interrompue que par des ravins creusés par les eaux des pluies ; ces eaux, dans leur course vagabonde, ravagent sans féconder.

C’est sur l’un des points distants de soixante lieues à peu près du préside de Tubac et de quelques centaines de lieues des limites des États-Unis, que le lecteur voudra bien se transporter.

Le soleil, en s’inclinant vers l’occident, lançait déjà des rayons plus obliques. C’était l’heure où le vent, quoique encore réchauffé par la réverbération des sables embrasés, semble toutefois ne plus sortir de la bouche d’une fournaise. Il pouvait être environ quatre heures de l’après-midi. De légers nuages blancs qui commen-