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Pepe secoua négativement la tête.

« Si c’est d’un homme à veste de cuir que vous parlez, il faut que le diable le protège, car j’ai tiré sur lui aussi sans l’atteindre ; mais il y avait encore quatre autres cavaliers avec lui, et, dans l’un d’eux, j’ai reconnu celui qui se fait appeler ici don Estévan, et qui n’est autre…

— Je n’ai vu que l’homme à la veste de cuir, interrompit Bois-Rosé, et j’apporte la carabine qu’il a laissée tomber dans sa chute. Mais n’êtes-vous pas blessé ? s’écria-t-il vivement en s’adressant à Fabian.

— Non, non, mon ami, mon père, répliqua Fabian en se jetant dans les bras que lui ouvrait le Canadien, qui, les yeux humides, le pressa sur son cœur, et s’écria, comme s’il le voyait pour la première fois :

— Ah ! qu’il est grand ! qu’il est beau maintenant ce petit Fabian ! Puis, frappé de sa pâleur et de la gravité de sa contenance, il interrogea, plein de sollicitude, l’enfant qu’il venait de retrouver.

— Pepe m’a tout dit, reprit Fabian ; je sais que parmi ces hommes se trouve l’assassin de ma mère !

— Oui ! dit Pepe, l’homme à la pêche au thon ; mais, par la vierge d’Atocha ! allons-nous le laisser échapper !

— À Dieu ne plaise ! » s’écria Fabian.

Un rapide conseil fut tenu entre les trois amis, qui décidèrent à gagner le plus promptement possible le pont de bois dont il a été question, puisque c’était le seul chemin qui conduisît à Tubac.



CHAPITRE XXIII

LE SANG DES MEDIANA.


Après avoir inutilement déchargé plusieurs fois leurs deux carabines, et de trop loin pour que leurs balles