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bian, et le vôtre ont bien des fois troublé le sommeil de l’homme dont je vous parle. Souvent au milieu du silence des nuits, parmi les bois, il a cru reconnaître dans la voix du vont le cri d’angoisse qu’il entendit un soir, et qu’il crut être le grondement de la brise de falaises… C’était le cri d’agonie de votre malheureuse mère.

— De quel homme me parlez-vous donc encore ? demanda Fabian.

— D’un homme qui, bien que sans le savoir, a servi l’assassin de votre mère. Ah ! don Fabian, continua vivement le chasseur, comme pour répondre à un geste d’horreur du jeune comte de Mediana, ne le maudissez pas, sa conscience lui a dit plus que vous ne sauriez lui dire, et aujourd’hui il est prêt à verser tout son sang pour vous. »

Les passions impétueuses, un moment assoupies dans le cœur de Fabian, se réveillèrent comme un de ces longs jets de flamme que darde parfois un foyer d’incendie qui semble éteint.

Il avait déjà la mort d’Arellanos à venger, son assassin à poursuivre, à reconnaître d’abord, et voilà que tout d’un coup il apprenait encore que le sang de sa mère, de celle qui l’avait portée dans son sein, criait aussi vengeance.

La douce figure de Rosarita disparut au milieu des figures sanglantes que l’ardeur de son sang fit surgir devant lui, comme aux reflets rouges de l’incendie pâlissent et s’effacent les teintes rosées de l’aurore.

« Et le meurtrier de ma mère, vous le connaissez ? s’écria Fabian, l’œil étincelant.

— Vous le connaissez aussi ; vous vous êtes assis à la même table chez l’hacendero, dont vous venez de quitter la maison. »

Mais nous laisserons Pepe raconter à Fabian la triste histoire que le lecteur connaît déjà, pour rejoindre le chasseur canadien.

Bois-Rosé, préoccupé du danger que pouvait courir encore l’enfant qu’un second miracle lui avait rendu,