dès que j’ai pu savoir que Marcos Arellanos n’était pas mon père ; je ne me souviens pas même de celui qui a pris soin de mon enfance.
— Et celui-là n’en sait pas plus que vous, ajouta Pepe ; je puis seul vous apprendre ce que vous ignorez.
— Parlez donc, en grâce, s’écria Fabian.
— Chut ! pas si haut, reprit Pepe. Ces bois, tout déserts qu’ils sont, renferment sans doute les ennemis de votre race, à moins toutefois que ce ne soit qu’à moi seul qu’on en veuille ; au fait, puisque je ne vous ai pas reconnu d’abord, il se peut qu’il ne vous ait pas reconnu non plus.
— Qui ? de quoi parlez-vous ? demanda vivement Fabian.
— De l’assassin de votre mère, de celui qui a volé vos titres, vos honneurs, vos richesses et votre nom.
— Je suis donc noble et riche ? s’écria Fabian dont la première idée se reporta vers doña Rosario comme pour lui faire hommage d’une noblesse et d’une opulence qu’il n’appréciait encore que pour lui offrir. Ah ! que ne l’ai-je su plus tôt, hier seulement ! »
La mère de Fabian n’eut que la seconde des pensées de son fils.
« Noble ! vous l’êtes encore ! reprit Pepe en serrant le canon de sa carabine, et la portant rapidement à l’épaule, car il croyait avoir aperçu le galon d’or d’un chapeau étinceler sous les arbres du chemin. Ce n’était qu’un rayon de soleil ; et le chasseur déposa de nouveau son arme sur ses genoux. On n’a pas pu vous ôter le sang qui coule dans vos veines ; mais riche, vous ne l’êtes plus.
— Qu’importe ! répondit Fabian tristement, aujourd’hui ce serait trop tard.
— Oh ! il importe beaucoup. Je connais deux hommes, un entre autres, qui vous rendront ce que vous avez perdu ou qui mourront à la tâche.
— Et ma mère ? reprit Fabian.
— Ah ! le souvenir de votre mère, seigneur don Fa-