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vement fut de se précipiter vers le berceau de son fils pour lui faire un rempart de son corps ; mais don Antonio, qui l’avait prévenue en s’interposant entre elle et le berceau, fixa sur elle le regard froid et impassible qu’il avait reconquis depuis le commencement de cette entrevue.

Il fallait que son âme fut bien profondément ulcérée, que son cœur fut bien desséché pour que son implacable résolution ne se fondît pas devant la comtesse, qui, les narines gonflées, le sein palpitant, l’angoisse peinte sur ses traits, fixait ses yeux sur lui tour à tour remplis de supplication et de terreur ; car elle était belle de toute la beauté fougueuse que promettait sa physionomie altière, tandis que la sollicitude maternelle prêtait à ses regards un charme inconnu.

« Grâce pour lui ! lui dit-elle enfin quand elle put recouvrer la parole ; vous pourrez me tuer, mais lui, que vous a-t-il fait, Antonio ?

— Qui vous a dit que je voulais être l’assassin d’un enfant ?

« Cet enfant n’est pas coupable de ce qu’une trahison, dont il est le fruit, l’a interposé entre moi et une fortune jointe à des titres que j’ai été élevé à considérer comme devant m’appartenir. Il ignore encore dans quel rang Dieu l’a fait naître, et confondu dans un monde inconnu où je le placerai, il l’ignorera toujours, car vous ne serez plus là pour le lui rappeler, continua l’implacable juge.

— Quoi ! s’écria la comtesse d’une voix que la surprise, l’étonnement, l’effroi étouffaient au passage… Quoi ! vous allez me séparer de lui ! Oh ! non, vous ne le ferez pas ! » continua-t-elle en tombant à genoux, les bras étendus et l’œil suppliant.

Don Antonio gardait un sombre silence. La comtesse crut avoir fait vibrer dans son cœur une corde moins insensible, et ce que l’éloquence d’une mère peut inspirer de plus persuasif, ce que la prière peut avoir de plus touchant, les supplications qui pouvaient adoucir cette implacable résolution, la justice des hommes et celle de