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— Oui, oui, s’écria Tiburcio, qui se releva d’un bond, c’est cela. Mais vous, qui êtes-vous pour que vous sachiez ce qui s’est passé dans ce terrible moment ? »

Le Canadien se leva sans répondre, et, s’agenouillant en montrant de nouveau sa mâle et rude figure inondée de larmes, il s’écria dans l’ivresse de son âme :

« Oh ! mon Dieu ! je savais bien que, s’il avait encore besoin d’un père, vous l’auriez envoyé vers moi ! Fabian ! Fabian ! c’est moi… je suis cet homme… »

Une détonation, précédée d’une vive clarté qui illumina les broussailles, lui coupa la parole, et une balle vint s’enfoncer en sifflant dans le sol auprès de Tiburcio. Pepe se réveilla en sursaut et se dressa brusquement sur ses pieds.



CHAPITRE XX

OÙ LA RAISON DU PLUS FORT CONTINUE TOUJOURS À ÊTRE LA MEILLEURE.


Ici un retour sur le passé devient nécessaire pour compléter une lacune laissée dans les confidences faites au Canadien par l’ex-carabinier garde-côtes, à propos des rapports qu’il avait eus jadis avec don Estévan. Pepe aurait pu dire que cet inconnu, qu’il avait laissé débarquer, une nuit, sur la plage d’Elanchovi, n’était autre que don Antonio de Mediana, frère cadet du père de Fabian.

Au retour d’une longue croisière dans les mers du Sud, après avoir, comme il l’avait dit au sénateur, combattu contre l’indépendance mexicaine, il avait appris le mariage de doña Luisa avec son frère aîné. Ce mariage était doublement funeste pour lui. D’abord il avait aimé doña Luisa avec toute la passion de la jeunesse ; puis par suite d’une tendresse presque paternelle, son frère aîné, le comte de Médiana, lui avait promis de ne