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au fond de l’eau leur proie aux requins ; les rudes défricheurs de forêts, pionniers de la civilisation : tout ce monde est saisi au vif, peint au naturel, resplendissant d’animation et de vie. Les types décrits ne sortent plus de la mémoire du lecteur, tant ils y ont laissé une forte empreinte. Ils sont désormais immortels.

Mais là ne s’est pas bornée l’action de Gabriel Ferry. Ayant souvent rencontré dans ses excursions d’anciens guérilleros qui avaient pris part à la guerre de l’indépendance mexicaine, il avait appris d’eux, habilement interrogés pendant les haltes, les causes et les faits principaux de cette guerre. Il connut ainsi dans tous ses épisodes cette magnifique lutte du Mexique asservi par l’Espagne depuis trois cents ans, lutte commencée en 1810 par un prêtre obscur, Hidalgo, qui, parti de Dolorès, son village, avec trois cents patriotes, commandait peu de temps après une armée de soixante mille insurgés. Cette guerre de l’indépendance, qui dura dix années, qui aboutit au triomphe après bien des revers et des catastrophes, et où s’illustrèrent à jamais, outre Hidalgo, Morelos, Rayon, Terran, Torrès, elle attend encore son historien définitif. Mais, grâce à Ferry, elle est entrée dans le cadre du roman.

Que disions-nous tout à l’heure, que nous n’avons personne à opposer à Walter Scott ! Dans Costal l’Indien, Ferry a donné un modèle de l’art de mê-