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L’Espagnol, comme on le voit, avait plus soigneusement caché au loyal don Augustin qu’au sénateur ses desseins secrets contre Tiburcio, et, désormais sûr de la parole formelle de l’hacendero, il prit congé de lui, sans oublier toutefois la promesse d’un large crédit qu’il avait faite au sénateur. Pena voulut se lever pour l’accompagner jusqu’à la porte de l’hacienda, mais l’Espagnol n’y consentit pas.

Tout était prêt pour le départ quand don Estévan descendit dans la cour. Cuchillo, Baraja, Oroche et Diaz étaient en selle, le dernier sur un magnifique et fougueux cheval noir que, dans le cours de la soirée, l’hacendero, fidèle à sa promesse, avait envoyé à l’aventurier.

Les mules étaient bâtées et chargées, deux domestiques dont l’un était Benito, se tenaient debout, attendant don Estévan. Seulement il n’y avait pas de relais pour la cavalcade, comme il y en avait eu au village de Huérfano. Malgré son impatience apparente, l’Espagnol savait bien qu’il arriverait toujours à Tubac avant Tiburcio, en supposant que celui-ci pût miraculeusement gagner le préside.



CHAPITRE XVI

OÙ BARAJA COMPTE UN AUXILIAIRE DE TROP.


À l’exception des domestiques, tous les cavaliers rassemblés sous les yeux du noble Espagnol savaient positivement à quoi s’en tenir sur ce départ précipité. Deux d’entre eux cependant n’avaient pas, des objets qui les entouraient et du but qu’ils se proposaient, une perception bien nette. C’étaient Oroche et Baraja.

Encore étourdis par les fumées du mescal, dont ils