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ture. Aussi insistons-nous avec l’énergie d’un critique qui accomplit un acte de justice. Gabriel Ferry n’a pas droit seulement à la reconnaissance de tous ceux qu’il a divertis par l’intérêt saisissant de ses récits, mais encore par son style merveilleux, au suffrage des plus délicats. Nous comptons la revendication que nous poursuivons aujourd’hui parmi celles auxquelles nous attachons le plus de prix.

Ce qu’il y a de plus piquant dans la fortune de Gabriel Ferry, c’est qu’il fut écrivain presque par accident et non de profession. Envoyé par son père au Mexique en 1830 pour une affaire commerciale, chargé d’y représenter d’importants intérêts, rentré en France en 1840 et devenu courtier d’assurances, puis en 1844 directeur général d’une grande compagnie, il semblait peu fait pour honorer les lettres. Mais on n’échappe pas à sa destinée. Qu’il ait été médiocre agent d’affaires, nous ne savons, et nous nous en préoccupons fort peu. Tout ce que nous retenons de sa vie agitée, c’est qu’il est demeuré durant sept années au Mexique et qu’il put ainsi, grâce à un don incomparable d’observation, étudier les usages, les coutumes, les superstitions, les lois, les institutions, les vices et les abus de cette étrange contrée.

Ce qu’il a vu, il l’a merveilleusement décrit dans les Scènes de la vie sauvage, dans les Scènes de la vie militaire au Mexique, et cela avec une telle