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Un sourire triste effleura les lèvres de Tiburcio.

« Peut-être, » dit-il.

Puis il reprit :

« Écoutez, Rosarita, vous êtes ambitieuse, dites-vous, eh bien ! si tout ce qui vous a été promis, je pouvais vous le donner, moi ? Écoutez, continua-t-il, j’aimais à ne plaider jusqu’à présent que la cause de Tiburcio pauvre et orphelin ; je vais plaider à présent celle de Tiburcio Arellanos à la veille de devenir riche et puissant ; noble je le deviendrai, car je veux avoir un nom illustre à vous offrir. »

En disant ces mots, Tibureio levait vers le ciel un front confiant où semblait revivre l’orgueil d’une race antique.

Pour la première fois depuis le commencement de cet entretien, Tiburcio avait cessé de déraisonner ; la fille prêta plus particulièrement l’oreille.



CHAPITRE XIV

FAUTE DE S’ENTENDRE.


Les deux écouteurs n’avaient pas perdu un mot de tout cet entretien, et à peine un geste leur avait échappé.

Aux dernières paroles de Tiburcio, et pendant qu’il se recueillait un instant avant de continuer, don Estévan et Cuchillo échangèrent un rapide regard. La rage le disputait à la confusion sur le visage du bandit, furieux de se voir confondu, de se sentir joué par Tiburcio après la manière impudente dont il s’était vanté à don Estévan de l’avoir pénétré, d’avoir lu jusqu’à la dernière de ses pensées.

Quant au noble Espagnol, ses yeux se fixaient sur lui avec une expression d’implacable raillerie. Voulant ensuite l’accabler sous le poids de l’ironie :