Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vive Dieu ! s’écria Oroche, je serais heureux de trouver enfin une occasion de sacrifier l’intérêt privé à la réussite de tous.

— Mais quel est cet homme ? demanda Diaz.

— C’est une histoire, répliqua Cuchillo, dont les détails n’importent qu’à moi ; mais le fait existe et l’homme aussi.

— Caramba ! le fait est déjà de trop, dit Oroche.

— Et l’homme, par conséquent ! C’est votre avis à tous ? demanda Cuchillo.

— Sans doute, » dirent simultanément Oroche et Baraja.

Diaz gardait le silence et se tenait, pour ainsi dire, hors de cause ; puis, sous prétexte de prendre l’air, il sortit.

« Eh bien ! seigneurs, reprit Cuchillo resté seul avec ses deux acolytes, fort de votre opinion, je vous dirai donc que cet homme est mon ami Tiburcio.

— Tiburcio ! s’écrièrent les deux futurs complices de Cuchillo.

— Lui-même ; et quoique mon cœur en saigne horriblement, je déclare que sa vie peut faire avorter tous nos plans.

— Mais, dit Baraja, demain dans cette chasse aux chevaux sauvages, il y a mille occasions pour une de s’en défaire honnêtement.

— C’est vrai, dit Cuchillo d’un air sombre. Eh bien ! il faut qu’il n’en revienne jamais. Puis-je compter sur vous ?

— Aveuglément, » reprirent les deux aventuriers.

L’orage grondait, comme on voit, sur la tête de Tiburcio ; mais il allait grossir encore. Un coup frappé à la porte vint interrompre ce sinistre conseil.

Cuchillo fut ouvrir, et introduisit dans la chambre commune un homme qu’ils reconnurent pour appartenir à don Estévan. Il venait avertir Cuchillo que son maître l’attendait dans le jardin. Cet incident fit ajourner au retour de ce dernier la discussion sur les moyens d’exécution que