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La gaieté ne tarda pas à régner parmi les convives.

On parla de l’expédition, on fit des vœux pour sa réussite, puis on apporta d’énormes verres d’eau comme ceux des temps antiques, et qui passèrent successivement des mains à la bouche de chaque convive.

« Avant de vous retirer, messieurs, s’écria l’hôte, j’ai l’honneur de vous inviter demain à une chasse aux chevaux sauvages, qui aura lieu à la pointe du jour. »

Chacun des convives accepta avec l’abandon de gens qui ont bien soupé, et qui croient, en conséquence, que le lendemain leur appartient.

Quant à Tiburcio, la jalousie le rongeait ; à peine avait-il touché à ces mets qu’on avait servis devant lui. Il jeta du côté de don Estévan, qui lui-même n’avait cessé de l’observer avec une certaine défiance pendant le souper, un regard de haine pour toutes les attentions dont il avait accablé Rosarita, et, faisant en cela seulement comme tous les convives, il gagna la chambre qu’on lui avait assignée.

Bientôt les derniers bruits s’éteignirent peu à peu, les valets eux-mêmes regagnèrent leurs communs, et ce vaste bâtiment, naguère si bruyant, devint silencieux comme si tous ceux qui l’habitaient étaient ensevelis dans le sommeil.

Cependant tout le monde ne dormait pas.



CHAPITRE X

OÙ, QUOIQUE COMPTANT AVEC SON HÔTE, TRAGADUROS EST EXPOSÉ À COMPTER DEUX FOIS.


Retiré dans sa chambre, Tiburcio attendait avec impatience l’heure du rendez-vous que lui avait accordé Ro-