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nière tenue en éveil, sans qu’un seul mot puisse effaroucher la lectrice la plus pudibonde. C’est là d’ailleurs un des caractères essentiels de tous les récits de Ferrv. Ce n’est pas un mince mérite, à l’époque où nous sommes, d’avoir écrit sept à huit volumes tous émouvants, tous attachants au plus haut point, et que toutes les mères peuvent lire devant toutes les filles, avec la certitude d’intéresser les plus romanesques, d’être comprises des plus jeunes, et de ne pas étonner même les plus innocentes.

Si nous n’avons encore dans notre langue personne à mettre en parallèle avec Walter Scott, en revanche, et grâce à Gabriel Ferry, la littérature française peut opposer un rival à Fenimore Cooper. Ce n’est pas que Ferry soit, comme on l’a dit à tort, le premier qui ait introduit dans le roman français des scènes de la vie sauvage. L’abbé Prévost, avant d’avoir écrit son immortel chef-d’œuvre, a composé une foule de récits dans lesquels son imagination disposait avec candeur du monde entier. C’est lui qui a eu le premier le mérite d’obtenir de nouveaux effets de la diversité des mœurs et des climats, et de transporter maintes fois ses personnages dans le nouveau monde.

Mais au contraire de l’abbé Prévost, qui, s’il a beaucoup voyagé, n’est du moins jamais allé en Amérique, Gabriel Ferry a visité tous les lieux qu’il décrit. Aussi, dès l’apparition du Coureur