Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme ; un fils ne doit jamais entendre la confession de sa mère. »

Le moine fit alors en quelques mots le récit de la mort de la veuve d’Arellanos ; puis il termina en disant :

« Voilà, seigneur don Augustin, ce qui me préoccupait et ce qui me faisait vous dire que Tiburcio Arellanos, pour être d’une race inconnue, n’en était pas moins un parti fort sortable pour la belle doña Rosario.

— J’en conviens reprit don Augustin ; mais je vous l’ai dit, ma parole est donnée à don Estévan de Arechiza.

— Quoi ! cet Espagnol, demanda le moine, serait votre gendre ? »

L’hacendero sourit d’un air mystérieux.

« Lui ! non, dit-il, mais un autre ; don Estévan ne voudrait pas de cette alliance.

— Peste, s’écria le moine, il est difficile !

— Peut être en a-t-il le droit, reprit don Augustin en souriant du même air.

— Mais quel est donc cet homme ? » demanda de nouveau le moine étonné.

Au moment où don Augustin allait répondre, un serviteur entra dans la pièce où cette conversation avait lieu.

« Seigneur don Augustin, dit l’homme, il y a deux voyageurs qui viennent à la porte d’entrée solliciter l’hospitalité pour la nuit. L’un d’eux prétend être connu de vous :

— Qu’ils soient les bienvenus, dit l’hacendero, et qu’on les fasse entrer ; deux hôtes de plus, connus ou inconnus, ne seront pas de trop ici. »

Quelques secondes après, deux cavaliers arrivaient près du perron, sur le haut duquel les attendait le maître de l’hacienda.

L’un était un homme d’une trentaine d’années, dont le visage ouvert et le front haut indiquaient autant d’audace que d’intelligence. Il était leste, bien découplé et vêtu avec élégance, quoique avec simplicité.

« Ah ! c’est vous, Pedro Diaz, s’écria don Augustin ; y