Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui ne tardèrent pas à disparaître sous les murs de l’hacienda.

Le soleil couchant enveloppait l’occident d’une brume de pourpre. Les collines, un instant illuminées, se confondirent dans la teinte égale du crépuscule, et les deux chasseurs, regagnant le couvert du bois, disparurent à leur tour sous son ombre épaissie par la nuit.



CHAPITRE VIII

L’HACIENDA DEL VENADO.


L’hacienda del Venado, comme tous les bâtiments de cette espèce situés sur les frontières indiennes, et par conséquent exposés aux incursions des hordes errantes de ces déserts, était une espèce de citadelle aussi bien qu’une maison de campagne. Bâtie en briques et en pierres de taille, couronnée d’une terrasse crénelée, fermée de portes massives, elle pouvait soutenir un siège de la part d’ennemis plus experts en stratégie que les tribus d’Apaches voisines.

À l’un de ses angles s’élevait un clocher en pierres de taille également, mais à trois étages, et qui couronnait la chapelle attenante à l’hacienda. Ce clocher pouvait offrir encore, au cas où le principal corps de logis eût été forcé, un asile presque imprenable.

Enfin, de fortes estacades, composées de pieux et de troncs de palmiers, entouraient le bâtiment tout entier, ainsi que les communs destinés à servir d’habitation aux gens et aux serviteurs de l’hacienda, aux vaqueros et aux hôtes subalternes qui, sur leur passage, venaient de temps à autre demander une hospitalité passagère. En dehors de cette enceinte privilégiée, une trentaine de