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été fait par les deux aventuriers qu’a rencontrés Ferry ; mais ils se sont montrés à lui de telle façon qu’il a pu, sans invraisemblance, leur attribuer les aventures créées par son imagination. Ici la précision exacte des souvenirs conservés sur les deux chasseurs a donné, par analogie, la vie à toutes les scènes dont le romancier les a faits les héros.

Si nous avons tant insisté sur cette origine, c’est parce qu’il s’agit du chef-d’œuvre de Ferry et aussi d’un des plus parfaits romans d’aventures qui aient paru dans notre langue. C’est en outre parce que cette origine explique le degré extraordinaire de vie qu’y a obtenu l’écrivain. De combien peu de personnages des romans d’aventures du jour peut-on en dire autant ? La plupart d’entre eux, les auteurs ne les ont jamais rencontrés sur leur route ; ce qui n’a rien de surprenant, car comment pouvoir rencontrer des personnages qui ne réunissent pas les éléments de vie, les conditions de vraisemblance, les traits principaux constituant au moins la vérité relative ?

Nous n’avons pas à raconter à nos lecteurs le Coureur des bois. Les éditions nombreuses qu’on en publie témoignent du goût persistant du public pour une œuvre où, malgré son long développement en deux gros volumes, l’intérêt ne languit pas un seul instant, où l’attention est, dès les premières lignes, vivement excitée, et jusqu’à la der-