CHAPITRE VII
DEUX TÉMOINS À CHARGE.
Les spectateurs du terrible et prochain combat qui allait s’engager ne tardèrent pas à voir les jaguars s’arrêter brusquement comme des limiers qui tombent en arrêt. Un rugissement de désappointement s’échappa de leurs poitrines. Ils venaient d’éventer l’odeur des deux nouveaux ennemis qu’ils n’avaient pas flairés jusqu’alors.
Le couple féroce n’était plus qu’à quelques pas de la citerne.
Un instant le mâle et la femelle s’arrêtèrent comme d’un commun accord, s’étirèrent en s’allongeant de toute leur longueur, battirent ensuite leurs flancs de la queue, puis, avec un rugissement retentissant, tous deux s’élevèrent à vingt pieds du sol. Pendant une seconde ils semblèrent planer au-dessus de la circonférence du vallon.
Une détonation suivie d’un rugissement d’agonie se fit aussitôt entendre. L’un des jaguars, tué pour ainsi dire au vol par la carabine d’un des chasseurs, tournoya dans l’air sur lui-même et retomba sans vie au fond du vallon. L’autre y bondit plein de rage et de vigueur.
Ce fut alors un bruit confus de voix humaines et de hurlements, comme si les deux chasseurs se roulaient corps à corps avec leurs ennemis ; puis une seconde détonation suivit la première, et un dernier rugissement, aigu d’abord, et qui expira graduellement, termina la courte scène que les auditeurs terrifiés ne pouvaient que deviner.
Ce ne fut que lorsque le plus grand des chasseurs montra sa haute taille sur le bord du vallon qu’ils accoururent tous avec empressement.