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promis de tirer vengeance et ils tiendront cette promesse. Aussi, peu après le repas achevé, « Nous nous sommes assez reposés, dit le Canadien en se levant ; recevez nos remercîments pour votre hospitalité ; il est temps que nous allions reprendre la trace perdue. Adieu, seigneur cavalier ! »

Ferry serra les mains des deux intrépides aventuriers qui osaient se mettre seuls à la poursuite d’une tribu, en ne comptant que sur leur courage et leurs ruses pour triompher d’ennemis aussi rusés que courageux. Les deux chevaliers errants se perdirent dans l’obscurité de la nuit ; peu à peu le bruit de leurs pas cessa de se faire entendre. On ne percevait plus que le froissement des herbes qu’ils déplaçaient dans leur marche. Puis ils disparurent à jamais, et Ferry, assis à côté de son guide endormi, dut se replonger dans des réflexions d’autant plus fécondes qu’elles avaient désormais un aliment puissant. Le Coureur des bois venait de naître dans son cerveau.

Nous n’affirmons rien, car Ferry n’a raconté nulle part quelle a été l’origine de son admirable chef-d’œuvre ; mais, en relisant naguère quelques-unes des scènes réelles de son voyage au Mexique, nous avons trouvé exposée cette rencontre, et nous ne croyons pas nous tromper en en faisant le point de départ du Coureur des bois. Au milieu de cette immense solitude, Ferry dut