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une harmonie grandiose, Ferry enfonçait dans son souvenir tous les traits caractéristiques de ce qui devait servir plus tard de cadres si pittoresques à ses romans, quand un bruit de pas l’arrache tout à coup à ses réflexions. À la lueur du feu allumé pour se mettre à l’abri des bêtes féroces, deux individus se montrent.

Le premier est un homme de très haute taille, la figure couverte d’une épaisse barbe blonde ; un bonnet en cône tronqué, fait de la peau d’un animal, mais qui ne conserve que quelques poils disséminés, couvre une rude chevelure. Une veste en gros drap, des espèces de braies en peau de daim tannée, maintenues autour des jambes par des courroies de cuir, une vaste gibecière et une corne à poudre pendante sur l’estomac, un long rifle à canon de cuivre jeté sur l’épaule, tout indique un chasseur des bois. Son compagnon, de plus petite taille, porte à peu près le même costume et est armé de la même façon.

Ce sont des chasseurs canadiens, rejetons de l’ancienne souche normande et dont la bravoure, la dextérité, la vigueur infatigable et le sang-froid merveilleux font les véritables souverains des forêts américaines. Ils s’asseyent, partagent un frugal repas avec Ferry et lui racontent quelques-unes de leurs aventures. Pour le moment, ils poursuivent un parti d’Indiens-Apaches qui leur a dérobé leurs chevaux. À eux deux ils ont