Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était une forme noire, immobile au milieu des arbres qui bordaient la rivière, et au-dessus de laquelle une vive lueur, en brillant un instant pour s’éteindre aussitôt, venait de lui montrer le même diadème d’or dont l’aspect l’avait déjà frappé.

« Le diadème de l’esprit ! » dit-il en approchant ses lèvres de l’oreille de l’Indien, afin que le fracas de la cascade ne couvrît pas sa voix.

Costal suivit la direction indiquée par le nègre, et, à la lueur subite qui l’éclaira de nouveau, il vit en effet briller comme un cercle d’or au milieu des ténèbres.

Toutefois le nègre et l’Indien ne tardèrent pas à savoir à quoi s’en tenir sur cette apparition inattendue. À un mouvement que fit le cheval du dragon, un rayon de la lune tomba sur le cavalier, dont le buste parut tout à coup distinctement.

Un large galon d’or qui, selon la mode mexicaine, cerclait en dessous des larges bords de son chapeau de vigogne, avait, en s’éclairant d’une des lueurs successives de son cigare, provoqué pour la seconde fois la méprise de Clara.

« Quand je vous disais, s’écria Costal, qu’un mécréant de blanc empêchait l’esprit de se montrer, avais-je tort ?

— C’est vrai, répondit le nègre assez confus d’une méprise qui eût peut-être ébranlé sa récente croyance au génie des eaux, sans l’excuse alléguée par l’Indien pour justifier son manque de succès.

— C’est un officier, sans doute, » reprit l’Indien à l’aspect de la tournure militaire de don Rafael, qui, son mousqueton d’une main et sa bride et son cigare de l’autre, continuait à rester immobile, sans se douter de l’entretien dont il fournissait l’objet.

Du reste, le dragon commençait à trouver le temps long, et un juron témoignait de son impatience, quand une voix, assez forte pour se faire entendre malgré le