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Ce choix fut heureux pour l’étudiant, resté dans son hamac, comme ce récit va le prouver tout à l’heure, mais il fourvoya l’officier.

En effet, l’embranchement de gauche l’eût conduit à doubler un des coudes de la rivière sans être obligé de la traverser, et à arriver à la route directe de l’hacienda de las Palmas, où, pour plus d’un motif, il avait grande hâte de se rendre.

Déjà depuis quelques instants le bruit sourd d’une chute d’eau parvenait à ses oreilles, quand, au bout d’une demi-heure d’un trot aussi rapide qu’un petit galop de chasse, le sentier se termina brusquement devant d’inextricables taillis, derrière lesquels l’eau grondait avec le fracas du tonnerre.

Le lecteur connaît cet endroit maintenant, mais le voyageur était complètement dépaysé ; et, quoique quelques minutes de marche le séparassent à peine de l’endroit à peu près guéable de la rivière où Costal avait montré à Clara la trace d’un ménage de jaguars, telle était l’épaisseur des bois sur les deux rives, qu’il ne put supposer la rivière si près de lui.

Pour tourner cette difficulté, dont il fallait sortir, l’officier mit pied à terre ; il attacha son cheval par la bride et gagna la crête du ravin, quoique non sans peine.

Le voyageur ne sut d’abord par quel côté aborder ce ténébreux labyrinthe, que tapissait une couche épaisse de détritus amoncelée pendant de longues années par la chute des feuilles, et dans laquelle il enfonçait presque jusqu’aux genoux. Fatigué par les efforts inutiles qu’il faisait pour avancer, il allait retourner sur ses pas, lorsqu’il aperçut une espèce de sentier formé par les eaux des pluies ou peut-être par les bêtes fauves, et il s’y glissa dans l’espoir de trouver enfin quelque issue pour lui et son cheval.

La pente était rapide, mais le sol était ferme, et l’officier se mit en devoir de descendre. Des lianes qui ser-