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d’intérêt, révélaient clairement qu’il était Indien. Il portait sur son épaule une grossière carabine à canon court et rouillé ; deux nattes épaisses de cheveux noirs pendaient de sa tête sur une espèce de tunique de laine grisâtre, rayée de noir, à manches courtes qui laissaient voir ses bras nerveux couleur de cuivre rouge ; cette tunique, descendant à mi-cuisses, était serrée à la taille par un ceinturon de cuir. Les jambes nues de l’Indien sortaient d’une culotte de peau fauve à canons écourtés ; ses pieds étaient chaussés d’une espèce de cothurnes de cuir, et un chapeau de jonc tressé couvrait sa tête.

L’Indien, était de grande taille pour un homme de sa race, et ses traits fins et vifs n’avaient rien de cette expression de servilité commune aux Indiens soumis (mansos). Des moustaches assez épaisses et un bouquet de barbe qui ombrageait son menton donnaient même à sa physionomie un air de distinction sauvage.

Son compagnon était un nègre en haillons, qui n’avait pour le moment rien de remarquable, si ce n’est l’air de crédulité stupide avec lequel il écoutait les discours de l’Indien. De temps à autre aussi l’expression de ses traits dénotait une frayeur mal contenue.

Au moment où nous présentons dans ce récit l’Indien et le nègre, le premier se penchait, en marchant avec précaution, sur un endroit de la rive dépouillée d’herbes et que tapissait une couche de terre glaise.

« Quand je vous disais, s’écria-t-il, que je ne tarderais pas une demi-heure à trouver leurs traces, avais-je raison ? Tenez, regardez ! »

En prononçant ces mots d’un air de triomphe que son compagnon semblait ne pas partager, l’Indien montrait à celui-ci, sur le terrain humide, des vestiges tout récents, de nature à causer, en effet une sensation désagréable à un homme qui ne faisait pas métier de chasseur de bêtes féroces.

C’était de larges empreintes, où chaque doigt mon-