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frémissante ; non, non, fût-ce à pied, je me sens la force de fuir aussi.

— Eh bien donc, qu’il soit comme vous le désirez, répondit don Mariano ; nous essayerons de gagner San Carlos. »

Castrillo s’empressa d’aller rejoindre ses compagnons ; mais, quand il s’agit d’aller chercher les mules et les chevaux parqués dans un autre endroit du bois, aucun d’entre eux n’osa s’y aventurer.

« Allons-y tous quatre, » dit Castrillo.

Et ses compagnons, tout tremblants, le suivirent en se signant avec une rapidité presque frénétique, comme s’ils eussent voulu conjurer une légion entière de démons.

Ce qu’allaient tenter don Mariano et ses gens, c’est-à-dire la fuite à travers les ténèbres, le capitaine Lantejas n’eût pas osé l’entreprendre pour tous les filons d’or de la terre.

Cloué par la frayeur au sommet de son arbre, maudissant de nouveau la folle curiosité à laquelle il avait cédé, il continuait de prêter l’oreille à ce qu’il croyait être un épouvantable dialogue entre la divinité indienne et son intrépide adorateur, quand les hurlements cessèrent brusquement.

À cet horrible fracas succéda tout à coup un morne et effrayant silence ; on eût dit que l’épouvante avait fait taire toutes les voix de la nature.

Mais, peu de temps après, ce silence fut interrompu par des sons vagues et confus, semblables à des voix humaines qu’on entendait au loin, et qui semblaient sortir de derrière la chaîne de petites collines qui bordait le lac du côté du nord.

Don Cornelio ne douta pas que ce ne fussent les voix de Costal et de Clara, qui s’en revenaient après la réussite de leur tentative, car les hurlements qu’il avait entendus ne pouvaient être que ceux de Tlaloc ou de Matlacuezc vaincus.