Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendit résonner dans le bois derrière lui, vinrent lui donner l’alarme. C’étaient les cavaliers d’Arroyo qui rentraient au camp, désappointés de n’avoir pu trouver, au lieu du colonel et des deux autres fugitifs, que Suarez et Pacheco, sains et saufs, mais encore tout effrayés.

Il n’y avait pas une minute à perdre, et don Rafael, écartant de la main les bambous, entra au plus épais du fourré humide, qui se referma au-dessus de sa tête : et quand, quelques moments après, les cavaliers passèrent au galop à peu de distance de sa retraite, la brise agitait tranquillement les panaches verdoyants des bambous sans laisser deviner à l’œil le plus clairvoyant la présence du fugitif qu’ils cachaient sous leur impénétrable manteau.

Don Rafael entendit bientôt les chevaux fouetter en marchant les eaux du fleuve, puis le bruit s’éteignit et fut remplacé par un profond silence.

De mortelles heures se succédèrent lentement les unes aux autres jusqu’au moment où le soleil, descendu à l’horizon, lança comme un dernier adieu aux roseaux du fleuve de longs rayons, aigus comme des glaives de feu. Après avoir réfléchi pendant quelques instants les dernières lueurs du couchant, les eaux de l’Ostuta s’assombrirent et leur miroir ne répéta plus que des myriades d’étoiles dont la voûte du ciel était parsemée.



CHAPITRE IV

OÙ DON CORNELIO CROIT AVOIR PERDU LA TÊTE.


Si l’on a bien voulu suivre avec quelque intérêt la périlleuse odyssée du capitaine don Cornelio Lantejas, il est deux choses que l’on doit se demander : d’abord,