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TROISIÈME PARTIE
LE LAC D’OSTUTA.


CHAPITRE PREMIER

LE GUÉ DE L’OSTUTA.


Quatre jours après-la levée du siège de Huajapam, nous sommes sur les bords de l’Ostuta, et le soleil, près de se lever, allait éclairer l’un des plus splendides paysages de la nature américaine.

Le maïpouri[1], avant de regagner sa retraite lointaine, se plongeait pour la dernière fois avant le jour dans les eaux encore assombries du fleuve. Plus timide que le maïpouri, le daim, inquiet du moindre souffle de la brise dans le feuillage ou dans les roseaux, épiait en buvant la venue de l’aube du jour, pour s’enfuir au premier rayon du soleil vers ses fourrés inaccessibles de sassafras et de hautes fougères.

Le héron solitaire, immobile sur ses longues échasses, les flamants roses, rangés en troupes silencieuses, attendaient, au contraire, que le soleil parût pour commencer leur pêche matinale.

Le silence régnait partout, hors ces vagues rumeurs des solitudes qui s’élèvent de dessous la mousse ou tombent de la cime des arbres au moment où, selon leur

  1. Le tapir.