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témoignaient des douleurs de l’âme et des souffrances du corps. Mais aussi, depuis deux ans bientôt, sous l’influence énervante du silence, de la solitude, de la vie sédentaire, la pauvre jeune fille tâchait en vain d’étouffer son amour, et les forces de son corps et de son âme s’épuisaient dans cette lutte inutile.

Don Rafael, du moins, portait sa douleur d’une extrémité du royaume à l’autre ; il en pouvait étouffer le cri dans le tumulte des batailles et dans toutes les ardentes distractions de la guerre.

Heureusement que Dieu a donné à la femme la résignation, sa seule armure contre la douleur. Gertrudis dévorait en silence, et sans proférer une plainte, le noir chagrin qui la consumait. Dans ses longues insomnies, où cette résignation à moitié vaincue par la lutte semblait prête à succomber, un faible et lointain rayon d’espérance venait parfois la retremper ; un dernier refuge contre ses angoisses se présentait aux yeux de la jeune fille. Elle se disait alors que, quand ses forces seraient à bout, une ressource suprême lui restait dans cette tresse de ses cheveux soigneusement conservée par elle.

L’envoi du cheval de don Rafael à l’hacienda del Valle, où il devait sans doute revenir d’un jour à l’autre, avait été une première transaction entre l’orgueil et l’amour. Qui devait l’emporter des deux ?

Cependant, à mesure que l’insurrection s’étendait dans la province, la surveillance redoublait dans la capitale, et don Mariano, devenu suspect, reçut l’ordre de quitter Oajaca.

Toutefois, avant de partir, il avait expédié, nous l’avons dit, un messager à l’hacienda del Valle. Quel message portait-il ? Nous le saurons plus tard. Nous devons, quant à présent, constater que, le surlendemain du départ de son exprès, le jour même où celui-ci arrivait à l’hacienda del Valle et où don Rafael, quittait en fugitif la plaine de Huajapam, l’hacendero se mettait en mar-