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queta est prise, comme je serai obligé d’y tenir garnison, Votre Excellence prendra la ville. »

Morelos demeura un instant pensif, et il allait répondre peut-être par un autre refus plus formel, quand l’aide-de-camp Lantejas, demeuré dans une espèce d’antichambre de la tente, sachant que le général était en conférence avec Galeana, vint demander la permission d’introduire Costal pour une communication d’importance qu’il disait avoir à faire.

« Que Votre Excellence daigné le laisser entrer, dit le mariscal ; cet Indien a presque toujours de bonnes idées. »

Morelos fit un signe d’assentiment, et le Zapotèque entra dans la tente. Quand il eut obtenu la permission de parler :

« Seigneur général, dit-il, j’étais tout à l’heure sur les hauteur d’Hornos, et, au point du jour, j’ai vu distinctement une goélette ancrée près de la Roqueta.

— Eh bien ?

— Eh bien ! Il serait très-simple et très-facile, ce soir, à la nuit, de se glisser jusque-là, de s’emparer, à la faveur des ténèbres, de cette goélette, et, quand nous en serons maîtres…

— Nous intercepterons tous les convois destinés pour le fort, s’écria impétueusement Galeana, et nous le prendrons par famine. Seigneur général, c’est Dieu qui parle par la bouche de cet Indien ! Votre Excellence ne peut refuser à présent la permission que je sollicite. »

Les dangers énumérés par Galeana n’en subsistaient pas moins. Cependant, vaincu par les instances du mariscal, séduit par la perspective du résultat qu’amènerait sans nul doute la prise d’un bâtiment, Morelos consentit à accorder la permission qu’on lui demandait.

« Si j’ai bien appris à connaître l’aspect des nuages, dit Costal, le lever du soleil annonce précisément pour ce soir une nuit sombre et une mer calme… au moins jusqu’à minuit.