Parmi eux était l’abbé Midon, sombre, désespéré. Une poussée l’avait séparé de M. d’Escorval, et il ne l’avait plus revu. Qu’était devenu le baron ? Avait-il été pris ou tué ? Avait-il gagné les champs ?
Et le digne prêtre n’osait s’éloigner, il attendait, heureux en son malheur d’avoir retrouvé la voiture et d’avoir réussi à la défendre contre une douzaine de paysans qui prétendaient s’en emparer.
Il écoutait la délibération de M. Lacheneur et de ses amis.
Devaient-ils tirer chacun de son côté ? Devaient-ils, en s’obstinant à une résistance désespérée, laisser à tous les conjurés le temps de gagner leur maison ?…
Ils hésitaient quand enfin arrivèrent au rendez-vous les débris de la colonne confiée à Maurice et à Chanlouineau.
De cinq cents hommes qui la composaient au départ de Sairmeuse, quinze restaient, en comptant les deux officiers à demi-solde.
Marie-Anne marchait au milieu de ce petit groupe.
La voix de Chanlouineau devait mettre fin aux hésitations.
— Je viens pour me battre, déclara-t-il, et je vendrai chèrement ma vie.
— Battons-nous donc ! dirent les autres.
Mais Chanlouineau ne les suivit pas sur le terrain qui fut jugé le mieux disposé pour une longue défense ; il avait tiré Maurice à l’écart.
— Vous, monsieur d’Escorval, lui dit-il brusquement, vous allez vous retirer.
— Moi !… je vais faire mon devoir, comme vous, Chanlouineau…
— Votre devoir, monsieur, est de sauver Marie-Anne, partez, emmenez-la.
— Je reste !… prononça Maurice.
Il allait rejoindre les derniers combattants, Chanlouineau l’arrêta.
— Vous n’avez pas le droit de vous faire tuer ici, dit--